Interview : « D'ici dix ans, l'électromobilité peut remplacer l'essence et le diesel »

il y a 3 ans | Nicolas Morlet

Ionity est l'un des principaux acteurs sur le marché des infrastructures de recharge rapide. L'organisation, fondée il y a quelques années par différents constructeurs automobile, veut rendre la voiture électrique utilisable sur de longues distances.

C'est pourquoi Ionity se concentre principalement sur les infrastructures de recharge rapide le long des autoroutes et sur les axes de circulation importants en Europe. Michael Hajesch, le PDG d’Ionity, nous explique sa stratégie.

Les conducteurs de VE connaissent Ionity principalement grâce aux chargeurs rapides. Où en est le réseau aujourd'hui ?

Michael Hajesch : « Notre plan est d'avoir 400 stations de recharge le long des autoroutes européennes, dont 298 sont déjà opérationnelles, et 53 en construction. Nous sommes donc actuellement actifs dans 350 lieux différents. »

 

Verrons-nous plus tard des infrastructures dans les centres-villes, là où les gens vivent et ont besoin d'installations ?

« Nous ne travaillons que depuis trois ans et notre premier objectif est de connecter les villes entre-elles afin que les voitures électriques puissent également être utilisées sur de longues distances. Nous voulons d'abord atteindre notre objectif de base qui est d'avoir 400 chargeurs rapides opérationnels le long des autoroutes. Nous aviserons ensuite. Ionity est une entreprise conjointe de cinq actionnaires (Daimler, VW Group, BMW, Ford et, plus récemment, Hyundai) et nous voulons travailler avec ces marques non seulement pour offrir une option de recharge, mais aussi, et surtout, une expérience agréable pour les conducteurs de véhicules électriques qui veulent parcourir de longues distances. »

 

Comment fonctionne la technologie d’Ionity ?

« Nous voulons offrir une plate-forme de chargement pouvant fournir jusqu'à 350 kW. On en restera là pendant un certain temps, car pour l'instant, aucune voiture ne peut utiliser autant de puissance de charge. En ce qui concerne la charge DC, nous utilisons la prise CSS européenne standard. Toute voiture qui supporte ce protocole peut utiliser notre réseau. Bien sûr, les fabricants qui font partie de notre co-entreprise peuvent offrir des services B2B intéressants à leurs clients, mais notre réseau est également ouvert à d'autres fournisseurs de mobilité. Aujourd'hui, nous sommes connectés à plus de 100 autres acteurs via un système d'itinérance et les automobilistes peuvent également utiliser l'infrastructure Ionity sans contrat. Il existe également une ligne d'assistance téléphonique en 7 langues. »

 

Ionity permet-elle de contrôler la durabilité de l'énergie fournie ?

« Les utilisateurs d’Ionity peuvent être sûrs que leurs voyages sont exempts d'émissions à 100 %, car nous nous assurons que toute l'électricité que nous achetons est également verte. Nous nous devons montrer l’exemple, car en tant qu'organisation, nous sommes partisans de la mobilité durable. Nous veillons à ce que nos fournisseurs n'aient dans leur portefeuille que de l'énergie éolienne, solaire ou hydraulique ou qu'ils puissent nous fournir les certificats nécessaires sur l'origine de l'électricité. Jusqu'à présent, nous avons trouvé partout des partenaires qui peuvent nous garantir une électricité 100 % verte. »

 

Pouvez-vous fournir un chargeur rapide à n'importe quel endroit ? Le réseau électrique belge obsolète ne le permet pas toujours, est-ce aussi un problème européen ?

« C'est compliqué partout. Avant de commencer à construire une station de recharge, nous cherchons toujours à savoir s'il y a suffisamment de puissance disponible à cet endroit. En fin de compte, le réseau doit pouvoir nous fournir une capacité de connexion de 1,2 mégawatts. Si cela ne fonctionne pas, nous devrons trouver une alternative. Nous avons actuellement 9 stations opérationnelles en Belgique. Bien sûr, certaines stations ont été abandonnées parce que le réseau n'était pas assez puissant, mais ce problème est présent dans toute l'Europe, il n'est vraiment pas spécifique à la Belgique. »

 

Les grandes batteries sont-elles une solution pour fournir des chargeurs rapides à certains endroits ?

« Les batteries sont en effet un moyen de stocker l'énergie et d'alimenter les chargeurs rapides. Ionity explore bien sûr cette technologie et nous avons déjà un projet pilote en Espagne où nous stockons de l'énergie régénérative. Il s'agit de l'énergie éolienne qui est stockée la nuit et utilisée le jour pour recharger les voitures. La capacité de la batterie peut également être utilisée lorsque le réseau électrique ne peut pas fournir suffisamment d'énergie pour faire fonctionner les chargeurs rapides à plein régime. Dans cette situation, les chargeurs rapides peuvent être alimentés par deux sources (réseau et batterie, ndlr.). À l'avenir, nous pourrons peut-être aussi utiliser les batteries d'une troisième manière pour soutenir le réseau lorsque la demande d'électricité atteint son maximum. Avec ce projet pilote, nous voulons acquérir l'expérience nécessaire dans ces domaines qui pourra nous aider à l'avenir. »

 

Récemment, le groupe Hyundai (Kia and Hyundai, ndlr.) a rejoint l'entreprise commune. Peut-on s'attendre à ce que d'autres constructeurs (par exemple Renault ou le groupe PSA) suivent le mouvement ?

« Lorsque nous parlons de la co-entreprise, il s'agit des parties prenantes, par exemple les propriétaires, qui investissent également dans l'infrastructure. C'est là que les discussions ont lieu au niveau de la marque et nous - en tant que gestionnaires d’Ionity - ne sommes pas directement impliqués dans ce processus. Mais oui, en principe, le groupe est ouvert à des discussions avec d'éventuels partenaires supplémentaires, comme avec Hyundai. En ce qui nous concerne, et nous parlons de services dans le domaine des infrastructures de chargement, nous parlons à tout le monde et sommes ouverts à tout accord B2B. »

 

Comment voyez-vous l'évolution de l'électromobilité dans les années à venir ?

« Le marché des véhicules électriques est plus que jamais en croissance, car de nombreuses autres voitures électriques vont arriver dans les années à venir. Dans la lutte contre le changement climatique, la ‘décarbonisation’ des transports est absolument essentielle. C'est pourquoi je vois un potentiel de croissance considérable pour Ionity dans un avenir proche. Pour l'instant, nous ne sommes pas encore en mesure d'établir des pourcentages à ce sujet, mais nous en aurons peut-être une meilleure idée au début de l'année prochaine. Mais une fois de plus, nous nous concentrons actuellement sur le déploiement des 400 points de chargement rapide. Nous réfléchissons bien sûr à la manière dont nous pouvons développer davantage Ionity au cours de la prochaine phase, mais il est encore trop tôt pour en dire quoi que ce soit. »

 

Quel pourcentage de nouvelles voitures auront une propulsion 100% électrique d'ici 10 ans ?

« Il est difficile de faire des prévisions à ce sujet. Cependant, de nombreux acteurs font des prévisions à ce sujet. Aujourd'hui, vous pouvez déjà constater que ce secteur se développe de manière exponentielle. C'est pourquoi je pense que le marché des voitures particulières va s'électrifier très rapidement et très fortement. En ce qui concerne le marché des camions et des camionnettes, cela reste à voir. Mais même là, je pense que la majorité des véhicules vont devenir électriques. Je m'attends à ce que l'électromobilité soit sur le point de remplacer l'essence et le diesel comme carburant d'ici dix ans. »

 

Quelle autonomie devrait avoir une voiture électrique, selon vous ?

« Je pense qu'une voiture électrique devrait être aussi utilisable qu'une voiture à moteur thermique. L'autonomie est en constante augmentation dans tous les segments. Les gens doivent également pouvoir conduire sur de plus longues distances, et nous leur proposons une solution avec Ionity. La question est de savoir après combien de kilomètres vous faites un arrêt. Quand je conduis seul, je m'arrête après 400 km. Quand mes enfants voyagent avec moi, c'est déjà après 200 km, parce qu'ils doivent aller aux toilettes. Les constructeurs doivent fabriquer des voitures qui répondent aux attentes de l'utilisateur. Une BMW Série 7 a également un réservoir de carburant plus grand aujourd'hui qu'une BMW 1 ou une Mini. Ce n'est pas pour rien que les voitures électriques des segments supérieurs devront avoir une plus grande autonomie que les modèles d'entrée de gamme plus compacts. L'essentiel est que la voiture convienne au client qui l'achète. »

Mots-clés: Mobilité
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