L’essai dynamique de Benoît Galand - Kia EV6 GT

il y a 1 an

Pilote de bon niveau, tant en rallye qu’en circuit, Benoît traîne sa grande carcasse dans le milieu automobile depuis plus de 40 ans… Son métier de journaliste lui a permis de tester des milliers de voitures différentes. Aujourd’hui, il reprend le volant de modèles un peu « fin de race » qui offrent encore, sur le papier du moins, un réel plaisir de conduire grâce à leur comportement sportif.

Au placard les aides à la conduite, et les systèmes d’info-divertissements, place au comportement routier et au feeling ressenti au volant. Et pour certains modèles, la piste du Centre de Maîtrise du Volant près de Visé, sera un beau terrain d’exploration.

Une fois pour toutes, tempérament sportif ne rime pas avec puissance : 400 ch dans une voiture de 2.500 kg, c’est moins fun que 200 ch dans une voiture de 1.300 kg, excepté pour les adeptes de burn-out au feu rouge… dont je ne fais pas partie. C’est pour cela que vous ne verrez pas beaucoup de voitures électriques dans cette rubrique. Certaines affichent en effet des puissances impressionnantes… mais avec quel rapport poids/puissance ? Alors, oui, cela accélère fort, mais dès le premier virage serré, le poids se fait sentir avec, disons-le, une certaine insistance….

Par contre, le plaisir de conduire peut aussi se déguster sur un rythme de balade. Il faut alors allier du tempérament bien sûr, mais aussi du confort et peut être l’un ou l’autre détail qui fera la différence.

Quoi !? Une électrique !?

Oui, mais pas n’importe laquelle… Quand une marque généraliste comme Kia vient titiller de grands noms comme Porsche ou BMW, cela suscite l’intérêt, voire la sympathie. Kia n’avait certes pas un besoin financier et commercial de faire une version GT de son EV6 qui, rappelons-le, a été élue Voiture européenne de l’année 2022. Non, simplement, c’est un exercice de style, un outil marketing, qui sous-entend un message du style : nous aussi, on est capable de…

J’avoue que j’étais pour le moins curieux au moment de découvrir cette Kia EV6 GT. Avec sa ligne très originale, ses 4,70 m de long et son poids dépassant allègrement deux tonnes, ce n’est pas à proprement parler une sportive… Plutôt un crossover avec une grosse dose de puissance supplémentaire. On passe en effet de 229 ch pour l’EV6 à… 585 ch pour la version GT… Deux autres chiffres ont achevé de nous convaincre que cette voiture avait toute sa place dans cette rubrique : 3,5 sec pour atteindre le 100 km/h, 260 km/h en pointe et 740 Nm de couple. Quant à notre valeur référence qu’est le rapport poids/puissance, l’EV6 GT peut fièrement afficher 3,07 kg/ch !

Me voici donc confortablement installé dans l’habitacle très cossu et agréablement original de l’EV6. Les sièges cuir/alcantara de type baquet sont parfaits et participent à l’ambiance « GT » de la voiture. Dommage que leur réglage soit manuel, ce qui paraît bizarre pour une voiture de plus de 70.000 € qui n’en est plus à quelques kg près ! Les petits rappels « vert pistache » (bouton GT, surpiqûre des sièges, surlignage planche de bord et console centrale) ne sont pas pour me déplaire. Franchement, le niveau est clairement « premium ». Par rapport à la version de base, le volant intègre deux nouveaux boutons : l’un permettant de choisir le mode de conduite (éco, normal, sport) et l’autre permettant de passer en mode GT et de libérer les 356 ch supplémentaires…

Techniquement, Kia a travaillé sur les freins, la suspension et le différentiel électronique pour « digérer » ce large surcroît de puissance. Les roues sont désormais des 21 pouces…

En mode « normal », la Kia EV6 se conduit en bon père de famille, comme une grande berline. Mais on apprécie déjà la rigueur de sa suspension et sa direction précise.

Dr Jekyll and Mr Hyde

Et puis, il y a ce fameux bouton « GT », placé sur le volant, en bas à droite. Une simple pression et votre crossover familial se transforme en « dragster ». Démarrer « plein pot » est une sacrée expérience, tant pour le conducteur que pour son (ses) passager(s). L’accélération est foudroyante et linéaire, avec une motricité parfaite. Kia a même poussé le vice à installer un mode « drift » qui désactive toutes les aides à la conduite et envoie toute la puissance aux seules roues arrières. Louable comme initiative mais sans intérêt tant les Michelin Pilot 4 S, par ailleurs excellents, avouent leur limite devant une telle débauche de puissance et de couple.

D’ailleurs, sur la piste de maîtrise du volant, j’ai préféré rester en mode « Sport » et 4 roues motrices pour voir s’il y avait moyen de conduire cette imposant crossover en « glisse ». Trois tours et deux tête-à-queue, et puis, je commence à comprendre le fonctionnement de l’engin. Il faut être très doux avec la pédale d’accélérateur, accepter de se mettre pratiquement en tête-à-queue, la puissance – 367 ch sur les roues arrière et 218 sur les roues avant – vous tire d’embarras un peu comme peut le faire une voiture du Trophée Andros (les courses de voitures sur glace). Mais c’est violent et je me surprends à effectuer le tour pratiquement en apnée tant la maîtrise du véhicule demande une concentration extrême. Vincent Radermecker, qui a conduit le prototype au Nürburgring avant sa commercialisation peut vous le confirmer. Mais bon, c’est possible d’envoyer les 2.200 kg en glisse et de contrôler… même si on sent que la voiture n’est pas faire pour cela.

Deux palettes au volant vous permettent de régler la régénération du freinage, en passant de « 0 » régénération à une régénération très forte qui permet en principe de ne plus devoir freiner. Il est difficile de trouver le bon compromis et, par défaut, la fonction « auto » est la plus utilisée.

Autant dire qu’il y a de quoi faire au volant car cela défile très vite et il faut anticiper les freinages même si les gros disques (380 mm à l’avant et 360 mm à l’arrière) sont très efficaces. Mais il n’y a pas de miracle, il faut ralentir 2.200 kg à vide… C’est pour cela que la Kia EV6 GT ne peut être qualifiée de sportive mais, comme son nom l’indique, de GT. Elle permet d’emmener d’un point A à un point B à un rythme très soutenu, avec du plaisir ressenti au volant grâce à ses suspensions bien calibrées, sa direction et ses pneus parfaitement adaptés et une impressionnant puissance disponible à tout moment, le tout dans un confort de limousine.

Alors, à mon âge, je dois avouer que j’ai apprécié même si, en profitant un peu du potentiel de la voiture, on garde les yeux rivés sur l’autonomie… Annoncée à 424 km, il faudra plutôt tabler sur 300 km si on veut un peu profiter de cette fonction GT. Ce n’est pas beaucoup mais il faut souligner que la charge peut être très rapide… selon la borne qu’on a à sa disposition.

Conclusion

Cette Kia a des atouts à faire valoir face à une rivalité où on retrouve la Tesla Model Y, la Porsche Taycan GTS – bien plus chère – ou encore la BMW i4 M50. C’est en tous les cas une belle vitrine pour le constructeur coréen et je vous avoue que j’ai presque failli être séduit par une voiture électrique. Mais quelle est donc l’utilité de 585 chevaux – peu en importe la provenance – sur la route ? Poser la question, c’est y répondre.

 

Points positifs

  • Originalité
  • Puissance impressionnante
  • Confort général

Points négatifs

  • Poids excessif
  • Consommation et autonomie
Mots-clés: Essais auto Kia
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